Des moyens financiers relativement faibles
Un financement tributaire des fonds publics
L'accès à l'ensemble des espaces protégés est généralement libre et gratuit. Le financement des espaces naturels protégés français provient majoritairement des crédits de l'Etat puis des collectivités et quelques personnes privées. Leur viabilité financière est fragile car dépendante des financements publics . Or la nécessaire création de nouveaux espaces va exiger des moyens supplémentaires.
Combien coûte le dispositif des espaces naturels protégés ?
Budget total de l’État = 276 milliards d'euros
Ministère en charge de l'écologie : 7 milliards, dont 250 millions d'euros pour l'eau et la biodiversité
soit 0,35% du budget du ministère
Budget eau et biodiversité = 6 stades de football (35 à 55 millions, 364 M€ pour le seul Stade de France) |
Les budgets des espaces naturels protégés
Un Parc national
Budget moyen de 7 M€ et de 50 à 100 salariés
Un Parc marin
Budget moyen 2,5 M€ et de 20 à 35 salariés
Une Réserve naturelle
Budget moyen de 50 à 300 K€ et de 1 à 10 salariés.
RNN[2][1] : plus de 750 personnes travaillent à temps plein ou partiel sur les réserves, l'ensemble des emplois représentant moins de 450 équivalents-temps-plein (ETP).
70% des réserves naturelles fonctionnent avec moins de 3 ETP.
121 réserves disposent d'au moins 1 agent commissionné, chargé de faire respecter la police de la nature ; au total, on compte 248 agents commissionnés sur les réserves, sachant que ces agents sont également en charge d'autres missions.
Un Parc naturel régional
Budget moyen de 5 M€ et de 18 à 150 salariés.
Le budget de fonctionnement est alimenté, pour l'essentiel, par les participations des membres du syndicat mixte qui le gère (région, département, communes). Il est complété par une contribution du Ministère en charge de l'Environnement.
Un Conservatoire d'espaces naturels
De 1 à 3 M€ et de 10 à 50 salariés (un conservatoire gère plusieurs espaces naturels protégés à l'échelle d'un département ou d'une région)
Conservatoire du littoral
Budget moyen 90 K€ et de 0,2 à 12 salariés (1,4 en moyenne dont 0,2 employé par le Conservatoire et 1,2 par le gestionnaire du site)
150 agents pour toute la France, répartis entre le siège, une antenne parisienne et dix délégations de rivages et 630 gardes du littoral sont sur le terrain
Espaces naturels sensibles
Budget moyen de 1,5 à 2 M€ par département (suivant les permis de construire) et de 0 à plus de 100 salariés.
Financements : plus de 150 millions d'euros par an (part ENS[4][3] de la taxe aménagement liée aux demandes de permis de construire)
Grand site de France
Budget moyen de 2 M€ et 20 salariés (hors renforts estivaux)
Réserve de biosphère
Budget et personnel de l'espace protégé porteur, Parc national ou Parc naturel régional
Rappel : Pour l'exemple...
Complément : Extrait d'une conférence d'Yves Vérilhac (directeur de la LPO) réalisation SupAgro Florac (2013)
Morceaux choisis
Pour mémoire, les budgets des ministères de la défense, de la justice et de l'agriculture sont respectivement de 40G€, 6G€, et 5,5G€ (où G=giga=milliard) alors qu'un Parc national a un budget moyen de fonctionnement de 7M€ (équivalent à 2 ou 3 "gros" rond-points), évidemment pas suffisant par rapport aux services rendus aux français.
Une question se pose : « Est ce que les français sont prêts à payer pour visiter un espace naturel ? on a l'impression que les services de la biodiversité sont gratuits, accessibles à tous et inépuisables »
En France, on estime "normal" que la puissance publique finance l'entretien et la gestion des espaces naturels et non l'utilisateur "consommateur" des services de la biodiversité.
Qu'en pensez-vous ?
Pour une utilisation hors-ligne, retrouvez l'interview d'Yves Vérilhac |
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Combien ça rapporte ?
Cette question du prix des espaces naturels protégés est de prime abord provocante. Mais elle est de plus en plus prégnante comme le montre le documentaire "Nature, le nouvel eldorado de la finance" de Sandrine Feydel et Denis Delestrac qui pose la question : les ressources naturelles sont-elles des marchandises comme les autres ?
Mais plus simplement certains pensent que le meilleur moyen de protéger les milieux et les espèces serait d'identifier et de faire reconnaître leur valeur réelle, de manière à en tenir compte dans toute décision. En d'autres termes, seule une mise en évidence du « prix de la nature » permettrait de stopper son pillage.
Il est anormal de constater aujourd'hui la faiblesse du prix d'un m2 de zone naturelle par rapport à zone constructible. Tout concourt à l'artificialisation des milieux naturels puisque leur valeur réelle n'est pas reconnue, donc considérée comme nulle.
L'estimation de la valeur de la nature et du vivant se heurte à des résistances culturelles (la nature est le dernier lieu d'évasion qui échappe à la marchandisation), comme à des difficultés techniques : comment estimer le prix de la santé, de la culture, de la liberté de se promener dans une forêt ?
Exemple : Le rapport du CREDOC : Les retombées économiques et les aménités des espaces naturels protégés
Pour le compte de Parcs nationaux de France, le CREDOC a réalisé un inventaire original des expériences les plus significatives de mesure et d'évaluation des retombées économiques et sociales de parcs et espaces protégés, tant en France qu'à l'étranger. Et ce pour développer un argumentaire valorisant ce que les parcs nationaux apportent aux populations concernées sur le plan social, économique et culturel.
Les retombées économiques et les aménités des espaces naturels protégés